L’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (ESM Saint-Cyr), plus souvent appelée simplement Saint-Cyr, est une école militaire française d’enseignement supérieur fondée en 1802 par Napoléon Ier, alors premier consul. Elle forme aujourd’hui des officiers de l’armée de terre et une partie des officiers de la gendarmerie.
Elle fait partie des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC), implantées dans la commune de Guer (Morbihan). Ses élèves et anciens élèves sont appelés « Saint-Cyriens » ou encore « Cyrards ». Elle a pour devise : « Ils s’instruisent pour vaincre ».
En tant que grande école militaire elle est placée sous la tutelle du ministère des Armées. Résolument orientée vers l’international, elle accueille dans chaque promotion une moyenne de 20 % d’élèves-officiers étrangers (surnommés les « crocos »). Elle bénéficie pour cela de nombreux accords d’échanges avec d’autres académies militaires comme l’Académie militaire de West Point (États-Unis), l’Institut militaire de Virginie (États-Unis) ou encore l’Académie royale militaire de Sandhurst (Royaume-Uni).
Saint-Cyr recrute aujourd’hui principalement sur concours des élèves issus des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE Sciences, Lettres ou Économie) et une minorité d’élèves ayant un niveau master 2 sur concours également.
Consulat et Empire
L’École spéciale militaire est créée par la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) sur ordre du Premier consul Napoléon Bonaparte, qui l’installe d’abord au château de Fontainebleau. Le 7 janvier 1805, l’école devient alors « École spéciale impériale militaire » (ESIM) car Napoléon Bonaparte est proclamé empereur (Napoléon 1er) par le Sénat et sacré le 2 décembre 1804. Le 27 octobre 1805, le sous-lieutenant Lafforgue est le premier Saint-Cyrien tombé au champ d’honneur. Le 2 décembre de la même année se déroule la bataille d’Austerlitz où de nombreux Saint-Cyriens vont tomber au cours de ce qui restera l’une des plus éclatantes victoires napoléoniennes. Cette date est depuis restée dans la mémoire saint-cyrienne comme le « 2S » et donne chaque année lieu à une reconstitution historique au sein de l’école. Plus généralement, le « 2S » est aujourd’hui l’occasion pour tous les Saint-Cyriens où qu’ils soient à travers le globe de se rassembler localement tous les ans sans distinction de promotion.
En 1808, l’ESIM est transférée par décret à Saint-Cyr-l’École (Yvelines), dans les bâtiments de la maison royale de Saint-Louis, fondée par Madame de Maintenon en 1686 (seconde épouse de Louis XIV), et dont elle conserve le nom.
Les 650 élèves que compte alors l’école quittent Fontainebleau le 1er juillet 1808 et entrent à Saint-Cyr le 3 juillet de la même année. L’anecdote veut que l’une des raisons de ce choix impérial est le caractère un peu trop agité des Saint-Cyriens pour Fontainebleau, alors lieu de résidence d’été de l’empereur. À partir de 1818, les promotions sont numérotées, elles n’ont cependant pas encore de noms ; il faut attendre 1830 et la promotion « du Firmament » (1830-1832). Le 8 août 1819, les Saint-Cyriens défilent devant le roi Louis XVIII à Saint-Cloud. Le roi s’adresse à eux et leur dit : « Il n’en est pas un dans vos rangs qui n’ait pas dans sa giberne le bâton de maréchal de France ». C’est également ce jour-là que le roi invente l’expression de « Premier bataillon de France », expression toujours utilisée pour désigner le bataillon regroupant les élèves en dernière année de scolarité.
En 1830, à la suite des Trois Glorieuses (27 au 29 juillet), la chute du dernier des Bourbon Charles X et l’avènement de Louis-Philippe d’Orléans qui devient « roi des Français », le drapeau tricolore est définitivement adopté comme emblème national. L’école devient ESM Saint-Cyr et poursuit son œuvre de formation des officiers de France ; elle est d’ailleurs agrandie sous la Deuxième République. Cette dénomination ne dure pas ; en effet, en 1851, l’école redevient ESIM sous le Second Empire de Napoléon III. C’est pendant le Second Empire qu’est d’ailleurs adopté le casoar qui est devenu par la suite l’emblème de l’école. En effet, le 24 août 1855, c’est lors d’un défilé militaire organisé en l’honneur de la reine Victoria, reine d’Angleterre en visite en France, que les Saint-Cyriens portent sur leur shako un plumet rouge et blanc, couleurs de la monarchie britannique.
Période contemporaine
En 1940, les écoles de Saint-Cyr et Saint-Maixent (école militaire de l’infanterie et des chars de combat) sont transférées à Aix-en-Provence, en zone libre. En novembre 1942, après l’occupation de la zone libre, les deux écoles sont dissoutes par l’occupant allemand.
Certains élèves réussissent à quitter la France en passant par l’Espagne, et se réfugient à l’École militaire de Cherchell en Algérie française à l’époque de l’Empire colonial français. Parallèlement, depuis 1940, en Grande-Bretagne, des officiers sont formés par l’École militaire des cadets de la France libre, fondée par le général de Gaulle. En 1944 l’École militaire de Cherchell devient l’École militaire interarmes (EMIA), chargée de former tous les officiers de l’Armée de terre, aussi bien ceux issus du recrutement direct (Saint-Cyr) que ceux du recrutement interne (Saint-Maixent). C’est là l’idée d’amalgame du général de Lattre de Tassigny.
En 1945, l’ESM déménage provisoirement à Coëtquidan (Morbihan) où elle faisait des manœuvres avant guerre, les bâtiments de Saint-Cyr-l’École ayant été rendus inutilisables par des bombardements alliés du 26 juillet 1944. En 1947, l’EMIA devient l’école spéciale militaire interarmes, concession à l’ancien nom de Saint-Cyr. En 1957, le gouvernement décide la reconstruction de l’école en vue du retour de l’ESMIA à Saint-Cyr. Mais les temps ont changé, les élèves-officiers ne manœuvrent plus à pied ou à cheval mais au moyen d’engins motorisés. Le cadre de Saint-Cyr se prête mal à de telles manœuvres et en tous cas moins bien que la lande de « Coët ». En 1959, le général de Gaulle décide de renoncer au retour de l’école à Saint-Cyr et de créer à la place un lycée militaire. En 1961, la formation des officiers issus du recrutement direct et des anciens sous-officiers est éclatée en deux. L’ESM reprend son rôle, aux côtés de la nouvelle EMIA. En 1964, les travaux de restauration de l’école pour en faire un lycée militaire commencent. En 1977, une nouvelle école vient s’installer sur le site de Coëtquidan, c’est l’École militaire du corps technique et administratif (EMCTA). En 1983, l’ESM Saint-Cyr accueille pour la première fois des élèves-officiers féminins et la scolarité passe de deux à trois ans. Cette réforme a pour but de maintenir l’attribution du titre d’ingénieur (bac+5) aux élèves de Saint-Cyr issus de la filière Sciences.